Allo mammo bobo.
Comme tu le sais déjà, si tu as lu mon premier article, j’ai presque 5 décennies au compteur.
Il est temps de penser à la révision totale.
Check up complet : prises de sang, radio des poumons, mammographie,…scann…
Aaaaaaaach ! La mammo.
Toikimelis avec trois jambes, tu peux pas savoir, tu peux pas comprendre.
On t’a sûrement déjà dit mille fois à quel point il est difficile d’accoucher, t’es qu’un homme, que tu sais pas, et blablabla.
T’a-t-on déjà décrit un examen mammo ? Oui sans doute. Mais je m’en fous, je te raconte quand même.
T’es devant une machine en acier. Qui fait « dzwuuuu dzwuuuuu » (exercice difficile s’il en est, l’imitation écrite).
On te demande d’enlever le haut. Tu t’exécutes. Sauf si tu es un chouïa distraite, angoissée, anxieuse, sans mention inutile.
Et que donc te voilà devant le monstre qui dzwuuu dzwuuute, en soutard. Les fesses à l’air. (Toute ta vie t’as pas pourtant rêvé d’être une hôtesse de l’air) (ça c’est juste pour te donner un aperçu de mon affligeante culture musicale) (et le plaisir de faire des parenthèses). Quand tout à coup…
- Mais madaaaaame (t’ as vu Marie Thérèse dans La vie est un long fleuve tranquille ?)
- Euh oui ?
- Faut enlever le haut, pas le baaaaaaaas.
- Oups.
Te voilà donc de retour dans ta cabine de désapage.
Tu remets le bas. Tu ouvres la porte. Tu penses que t’as pas enlevé le haut. Tu re-rentres. Tu enlèves enfin le haut. Et ça te donne une radiologue bien énervée.
- Bougez pas. Bras en l’air. Ne respirez plus.
Et là, ton esprit vagabonde (on va dire que tu fais de l’hypnose sans en avoir l’air) et te revoilà dans ta classe de chimie, lors d’une expérience ratée par le prof (qui avait mélangé je ne sais plus quoi car je n’ai jamais vraiment écouté ce qu’il racontait), ses fioles qui fument (aucun sous entendu sexuel), et lui qui hurle « Ne respirez plus, ne respirez plus » en courant partout dans la classe précédé d’une fumée jaune qui pue. Et d'un seul coup, tu es propulsée dans le présent :
- Eeeeeeeeeeeeeeeh mais ça va pas sale taspé, tu veux mon poing dans la chetron ?
En fait, en vrai, tu dis rien, tu serres les dents et une larme perle à ton œil droit (même côté que ton Robert).
Elle t’a juste pressé le nènè comme elle presse les oranges pour ses enfants le matin (bien qu’elle ait plutôt une tête à leur envoyer le jus de l’épluchure dans les yeux) en prenant un plaisir sadique non dissimulé (si ! j’ai vu de la bave couler de ses lèvres !) .
Bref, elle vient de t’écraser le nibard sur une plaque d’acier froide. (je sais, c’est peut être un détail pour vous, mais pour moi …) (encore cette culture musicale… c’est plus fort que moi) (elle vit sa vie indépendamment de moi).
Bref.
Je te passe l’épisode sein gauche. C’est le même, mais avec en plus la peur au ventre puisque tu sais que cette salope en blouse blanche va reprendre son pied en prenant ton sein et en faire de la marmelade.
- Mamaaaaaaaaaaaaan, viens me chercheeeeeeeeeer.
En fait, en vrai, tu dis rien, tu serres les dents et une larme perle à ton œil gauche (mais tu connais la chanson, maintenant)
Ensuite, tu es priée d’aller attendre dans la cabine, sans te rhabiller.
« Des fois qu’il faudrait reprendre un cliché »
te dit cette Goebels en blouse blanche, sur laquelle tu imagines une grosse, une énooooooooorme, une immeeeeeeeeense tache de sang. Le sien. Que tu aurais bien étalé sur sa blouse après avoir écrasé sa tête en entendant le savoureux « dzwuuu dzwuuu » chanter la chanson de la victoire.
Bref.
Si tout va bien (entends par là, si tu ne dois pas resubir le supplice nichois) (oui bon), le docteur t’attend.
Et là, tu scrutes son visage
1. Je l’ai vu, il a fait la moue (non en fait, il a un dentier mal ajusté)
2. J’ai vu son œil droit se lever, et son sourcil faire un accent circonflexe (en fait, il était juste étonné de te voir arriver en sous-vêtements) (la sadique ayant volontairement, t’en es sûre, omis de te dire que tu pouvais te rhabiller).
3. Il ne dit rien c’est mauvais signe (il est occupé à fermer sa page Facebook)
Là, il te palpe, sans dire un mot. Il accroche les radios et y jette un œil. Il ne dit toujours rien.
Et là, comment dire, tu perds ton sang froid (sans être pour autant antisociale), tu cries, non, tu beugles « MAIS BORDEL DE MERDE VOUS ETES MUET OU QUOI ? »
En fait, en vrai tu oses un timid
e, « ça va ? »
- Oui, rien de spécial, tout va bien. A dans deux ans.
Rapide coup d’œil sur ton dossier
- Ah non, à l’année prochaine, vous avez 50 ans.
Dites donc ! En juin, là j’ai toujours 49 !
Imperméable à ta vexation, il t’a déjà ouvert la porte. Et réouvert sa page Facebook.
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Pssst : et toi, il date de quand ton dernier dépistage ? Déconne pas avec ça hein.